mercredi 15 février 2017

La Couleur



DÉFINITION
La couleur est générée par la lumière qui, renvoyée par les objets sur lesquels elle se pose, crée des ondes lumineuses que notre œil perçoit.
Les couleurs sont ainsi une affaire de perception, dépendent des sensations individuelles. Enfin, elles sont l’expression de l’artiste. Vecteurs d’émotions, elles se nourrissent les unes les autres par association, opposition ou complémentarité.





INTRODUCTION
Dans le champ artistique, la couleur apparaît comme un moyen de retranscrire des images proches de la réalité en adoptant les nuances des objets réels, de créer les contrastes et les modelés. 

Avec la naissance de l’art moderne, la couleur s’affranchit de ce rôle de ressemblance pour devenir une fin en soi. C’est ce que l’on appelle l’autonomie de la couleur : sa capacité à se suffire à elle-même sans avoir à se référer à autre chose. La peinture devient ainsi le sujet du tableau. 


HISTORIQUE
L’histoire de la couleur en art est influencée par les évolutions techniques : jusqu’à la fin du 19e siècle, le peintre crée lui-même ses couleurs à base de pigments naturels trouvés dans des matières végétales, minérales ou animales, qu’il broie et mélange à un liant. Fin 19e, la production de peinture s’industrialise. C’est à cette époque qu’apparaît la peinture en tube et, avec elle, une grande variété de teintes et la possibilité de peindre « sur le motif » (c’est-à-dire en extérieur). Cependant, ces paramètres techniques ne suffisent pas à expliquer les évolutions de la place de la couleur dans l’histoire de l’art. 

Les couleurs sont très chargées symboliquement. Elles servent à faciliter la lecture de l’image en faisant référence à des conditions sociales, des signes religieux, etc., Si une image semble transcrire le réel, elle n'en a pas moins un auteur, qui peut avoir des intentions, un ou des messages à communiquer.
Par exemple, le Rouge c'est le feu et le sang, l'amour et l'enfer, c'est une couleur orgueilleuse, pétrie d'ambitions et assoiffée de pouvoir. (video 0:57)





Aussi, jusqu’au tournant de la fin du 19e siècle, la couleur répond ou à des règles symbolique à la règle du ton local qui reproduit l’exacte nuance des éléments réels. 
C’est au cours du 20e siècle que la couleur s’affranchit du réel. L’artiste l’exploite pour son potentiel émotionnel.

La couleur libre des fauves
« Le fauvisme est venu du fait que nous nous placions tout à fait loin des couleurs d’imitation et qu’avec des couleurs pures nous obtenions des réactions plus fortes. »
« La couleur surtout et peut être plus encore que le dessin est une libération. »Henri Matisse, Écrits et propos sur l’Art

La couleur est ici complètement libérée de la contrainte du ton local. La peinture fauve s’attache particulièrement au travail de la couleur. Les œuvres sont facilement reconnaissables par l’emploi sur de larges surfaces de couleurs aux teintes éclatantes. Les images figuratives tendent, par la simplification des formes, à une certaine ébauche d’abstraction.
En donnant aux « chocs » émotifs, selon le mot d’Henri Matisse, une palette franche et pure, le fauvisme prête à la couleur la tonalité d’une émotion et d’une sensation. Il ne s’agit plus de traduire les instabilités de la lumière comme l’avaient fait les impressionnistes, mais d’affirmer avec force le regard du peintre sur un monde auquel il donne ses couleurs.


Peinture à l’huile d’André DERAIN - Paysage - 1906


Couleurs en rythme
Les théories de la couleur et l’utilisation qu’en ont fait les artistes du 20e siècle accordent une grande importance à l’idée de rythme chromatique :
les couleurs se répondent entre elles, par résonnance, contraste et association. C’est presque l’idée d’une musique de la peinture que suggère Vassily Kandinsky lorsqu’il parle de « sonorité intérieure » ou Georges Braque lorsqu’il assure que « la couleur agit comme une musique ».
La théorie de la couleur que développent Sonia et Robert Delaunay se fonde sur l’idée de « contraste simultané » ; les couleurs complémentaires mises côte à côte s’intensifient et paraissent plus vives.
 La répétition de motifs circulaires concentriques, exploitant cette théorie, imprime un mouvement giratoire à cet univers joyeusement cosmique.



Prismes électriques by Sonia Delaunay 1914.
( Sonia Delaunay & Fendi: (Sonia Delaumay & Fendi, couleur et mode: http://innervee.net/article50/sonia-delaunay-et-fendi-2013, si la couleur devient vétement alors elle est mouvement)
Rythmes, 1938



Couleur unique et monochromes
Le monochrome, œuvre d’une seule teinte, constitue une des formes les plus abouties de la prééminence de la couleur. Celle-ci forme un tout avec la toile et fait œuvre en soi. Initié par Malevitch et Rodtchenko, une attention particulière est portée au monochrome à partir des années 1960.
Yves Klein propose des toiles totalement uniformes où le geste de l’artiste demeure invisible.
La couleur, sa densité, sa matière constituent l’œuvre, invitent à la méditation ou à l’absorption dans son épaisseur et peuvent être porteuses d’une dimension spirituelle.





Le noir comme absolu
Adopté par Pierre Soulages, ce dernier lui consacre la quasi-totalité de son œuvre. Son « outre-noir » lui permet de jouer avec les effets de matière et de rayonnement qui se forment à la surface des toiles.


Exercice pratique pour le plaisir des yeux: Norman McLaren - Dots (1940)