Bien avant l'invention des images animées (cinéma, dessins animés, animations 3D, vidéo, télévision...), les artistes ont cherché différents moyens pour représenter le mouvement dans des images qui ne bougeaient pas (images fixes).
Afin de rendre leurs dessins, peintures et gravures plus "réelles", les artistes d'avant 1840 (invention des premiers procédés techniques qui donneront ensuite naissance au cinéma) ont souvent souhaité donner une illusion de mouvement à leurs images, parfois avec peu de réussite. Avec la révolution industrielle du XIX°s (chemins de fer, moteur à explosion...), la question de la vitesse est devenue une préoccupation pour les hommes et les artistes.
S'appuyant sur les découvertes à la fois techniques et scientifiques (photographie, chronophotographie) de gens comme Edward Muybridge et Etienne-Jules Marey, les artistes ont pu étudier étape par étape le vol de l'oiseau, le galop du cheval et la marche de l'homme. Autant de mouvements jusqu'alors trop rapides pour que l'oeil humain puisse les discerner distinctement.
Les exemples qui suivent mettent en lumière quelques uns des moyens plastiques encore utilisés par les artistes contemporains pour donner l'impression de mouvement dans des images immobiles.
Décomposition du mouvement grâce à la chronophotographie (sorte de "fusil à photos") qui permet de faire des arrêts sur image très rapprochés les uns des autres. Les image sont ensuite juxtaposées pour recomposer les différentes étapes du galop.
Même procédé chez Etienne-Jules Marey, toujours à la fin du XIX°s, avec la décomposition du mouvement mais les négatifs sont superposés en une seule et même image.
Encore le principe de décomposition et de superposition des images chez Harold Edgerton. La surimpression des images produit également un effet de flou au niveau du corps du golfeur. Il développe la photographie stroboscopique. Cette méthode stroboscopique consiste à éclairer une scène en mouvement avec des flashs de lumière périodiques. La capture de la scène pas un appareil photo permet ensuite de décomposer ce mouvement.
En dignes héritiés de ces techniques, les dessinateurs de bande dessinées utilisent fréquemment un procédé très simple, appelé "signes graphiques", qui consiste en l'ajout de petits traits autour ou derrière un objet ou un personnage en déplacement. Ces petits signes symbolisent le déplacement de l'air, les vibrations ou le flou optique produit par une grande vitesse, autant d'élèments issus de l'analyse de ces photographies d'objets en mouvement.
Au début du XXème siècle, de nombreux artistes, et notamment le groupe des "Futuristes" italiens se sont servis des observations scientifiques de Marey ou Muybridge pour leurs propres oeuvres représentant des automobiles ou des personnages en mouvement, avec la volonté de rejetter la tradition esthétique et d'exalter le monde moderne, en particulier la civilisation urbaine, la machine et la vitesse.
Le Hiéroglyphe dynamique du bal Tabarin(1912) Gino Severini Peintre italien (Cortona 1883 –Paris 1966).
Ses peintures présentent à cette époque une double tendance : à la recherche du dynamisme et de la vitesse, caractéristique du Futurisme mais qui se traduit plutôt dans l'évocation de bals et de danseuses que dans celle de machines en mouvement, Severini joint sa préoccupation de la composition formelle et de l'équilibre des structures qu'il tient du Cubisme. A Paris il découvre la chronophotographie et utilise cette analyse des mouvements du corps dans certaines de ses œuvres.
Le Hiéroglyphe dynamique du bal Tabarin(1912, New York, M. O. M. A.)est un tableaux de très grandes dimensions, qui montre la décomposition des motifs en mouvement par la représentation simultanée de facettes juxtaposées.
Luigi Russolo (1885-1947), Automobile in corsa (Composition, Dynamisme d'une automobile), 1912-1913, huile sur toile, 106x140 cm, inscriptions : S.D.B.DR. à la peinture rouge : LRussolo 1911, Centre Pompidou, Paris.
Ce tableau fait écho aux principes énoncés dans le Manifeste technique de la peinture futuriste de 1910 : « Nous déclarons [... ] qu’il faut balayer tous les sujets déjà usés, pour exprimer notre tourbillonnante vie d’acier, d’orgueil, de fièvre et de vitesse. »
À travers l’automobile, c’est le thème de la vitesse qui est traité et, particulièrement chez Russolo, ses résonances optiques et sonores. La
lien vers le dossier réalisé autour de l'exposition surle futurisme par le Centre Pompidou:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire